mardi 31 mars 2015

Andi Lee Créations : une pochette pour ma liseuse!


Je ne sais plus comment je suis arrivée sur la boutique d'Andi Lee, d'abord sur Etsy (clic!), ensuite sur My Little Market (re-clic!). 
Quoi qu'il en soit, j'ai tout de suite aimé les créations de cette jeune femme, et il m'a semblé que les pochettes en tissu avaient de très jolies finitions, en plus d'un graphisme somptueux. On y trouve aussi des sacs, des porte-monnaie, des bijoux, des mugs... J'ai craqué pour "La littéraire" (on se demande pourquoi), dont la pochette a les bonnes dimensions pour accueillir ma liseuse et la protéger à la maison des incidents malencontreux. 

Pour voyager je lui préfère un étui plus rembourré, et puis de toute façon je n'ai pas envie de salir cette jolie pochette. Donc du moche rembourré fait l'affaire, mais à la maison, j'avais envie de quelque chose de beau.


Le tissu est doux, délicat, les finitions sont impeccables, l'ensemble est très harmonieux et vaut les 35 euros qui pourraient en décourager certain(e)s. Entre nous, rien à voir avec une pochette en tissu de piètre qualité assemblé aux antipodes à la va-vite pour des 15-20 euros (tout de même). Et j'ai la satisfaction d'avoir fait travailler une créatrice tout près de chez moi!

Je précise que je fais ce billet de ma seule initiative, j'ai juste envie de vous montrer cette jolie pochette et de vous faire découvrir la créatrice. Elle s'est par ailleurs montrée très disponible quand je l'ai contactée. 

Pour (vous) faire plaisir avec un bel objet...



samedi 28 mars 2015

Méthode Coué?

J'ai pris l'image ici

Sachant que:
1) La météo nous promet de la pluie à gogo pour tout le week-end;
2) le passage à l'heure d'été va me priver d'une heure de sommeil alors que j'ai le sentiment qu'on m'en a déjà volé des dizaines ces derniers temps;
3) je vais devoir sortir sous la pluie (en ayant perdu une heure de sommeil) dimanche pour aller voter dans un canton où une seule liste est en lice (les candidats de l'autre liste ayant commis la boulette de ne pas déposer ladite liste en temps et en heure);
4) je ne suis pour le moment pas emballée par le dernier Vargas...
eh bien, j'ai toutes les raisons d'être grognon.

Mais je ne peux pas. Ma joie est si grande d'être en week-end après une semaine très chargée (et avant quelques autres qui lui ressembleront) que ces minuscules contrariétés n'ont aucun poids.

Il va pleuvoir? Tant mieux, je savourerai d'autant plus d'être douillettement installée. Ce sera le temps idéal pour lire.
Une heure de sommeil en moins? Que m'importe... Je n'ai aucune obligation horaire ce week-end, je ressentirai l'heure manquante lundi (n'y pensons pas).
Un vote sans choix? M'en fiche, cela ne change rien à ce que j'avais prévu de mettre dans l'urne. Voter est un devoir à mes yeux.
Le Vargas m'ennuie? Je n'en suis qu'au premier tiers et autour de moi, les avis sont si positifs que je veux bien m'accrocher. On m'a chuchoté aujourd'hui que le meilleur était à venir.

Je veux profiter de chaque instant. Tant pis si pour le moment ça ressemble à la méthode Coué.
Vive le week-end! Qu'il vous soit doux...

mercredi 25 mars 2015

Le Salon du Livre de Paris 2015, pas préparé, et c'est bien comme ça


Le salon commence avant le salon, un peu comme un festival de rock. Imprimer son billet d’entrée, regarder le programme des festivités sur le site : tiens, ça, ça n’a pas changé, le site du Salon du Livre de Paris est moisi. On navigue mal, on trouve difficilement ce qu’on veut et il faut faire défiler un nombre de pages ahurissant avant d’obtenir des informations. 
Et puis dans le métro, on voit monter de plus en plus de gens qui ont une tête à aller au salon, ou pas, d’ailleurs. Mais de fait, nous sommes nombreux à descendre à la station de métro et à diriger nos pas vers le Hall 1. 
Et voilà, nous y sommes, le Salon va commencer pour nous. 

Il y a d’abord le froid vif de la porte de Versailles, et l’air qui s’engouffre par les portes où une foule déjà nombreuse se presse. Je n’étais pas venue depuis cinq longues années au Salon et je n’avais pas souvenir d’avoir attendu ainsi. Je me dis que les contrôles de sécurité doivent ralentir le flux… 
Il y a ces gens enthousiastes munis de valises à roulettes, comme une promesse de dédicaces et d’achats. Mais une visiteuse un peu agacée les prévient : on ne les laissera pas entrer avec leur valise, cette année (sécurité oblige, je suppose), et il faut donc renoncer à la malle au trésor qui attendra patiemment dans une consigne à l’extérieur du hall 1. Les visiteurs à roulettes semblent décontenancés, et moi je me dis qu’il y a cinq ans, je n’avais pas remarqué ce curieux accessoire au bras des gens…
Enfin nous sommes dans le hall, transis par le froid, et guère réchauffés de prime abord par le hall immense qui n’a pas encore emmagasiné la chaleur des visiteurs. Nous n’éprouverons à aucun moment le besoin de quitter nos vestes. Il y a du monde, déjà, mais c’est aussi que nous sommes plus « concentrés ». Il ne me faut pas longtemps pour constater que le hall est loin d’être entièrement occupé… L’absence du groupe Hachette mais aussi d’autres éditeurs qui ne trouvent pas le salon « rentable » se fait sentir. Le Salon du Livre de Paris rapetisse et je repense à ces débats et polémiques autour de sa tenue et de sa gestion : un lieu trop grand (mais il ne l’était pas au début des années 2000), trop froid, des auteurs qui rechignent à venir attendre le chaland à côté des stars de l’édition, des médias ou de la politique, des éditeurs qui ne peuvent plus payer des stands hors de prix dans un salon généraliste dont la plus-value est discutable pour eux, des libraires qui n’ont pas très envie de jouer les utilités sur les stands quand ils ont leur librairie à faire vivre et à défendre… Je repense à tout cela et trouve le Salon mal en point. Au fil de mes déambulations, je ne peux m’empêcher de me dire que si l’on enlève les stands institutionnels (de type CNL), les stands des médias (Le Monde, France Télévision, etc.) et ceux des régions et pays divers, eh bien, ce n’est plus un très grand salon. L’organisation du lieu est étrange, avec des culs-de-sac, des blocs peu cohérents, mais c’était peut-être déjà comme ça il y a cinq ans, je ne m’en souviens pas.
Ce constat étant fait, je me réjouis d’être là. Une première halte et des manga rejoignent notre escarcelle. L’auteur sera en dédicace plus tard mais je n’ai pas la patience pour cela. J’aurais pu acheter le tome 1 de Poison City  et l’intégrale de Prophecy ailleurs (et repartir de Paris un peu moins chargée), mais l’occasion fait le larron (ou l’acheteur). Le stand de Ki-oon est sympathique. Et ils ont le bon goût de ne pas refuser de dédicace (l’après-midi) à un très jeune couple venu rencontrer Tetsuya Tsutsui muni d’un exemplaire déjà acheté… 
Puis nos pas nous mènent sur le stand ActuSF/Les Moutons électriques/Mnémos. Je me munis du petit Guide Steampunk signé Arthur Morgan et Etienne Barillier, dont la version papier était à un moment épuisée, tandis que mon cher et tendre prend un roman de Julien Heylbroeck, Stoner Road, et une réédition de Dominique Douay, La vie comme une course de chars à voile. Au moment de payer, la jeune femme qui encaisse le montant lui demande s’il veut une dédicace car l’auteur est présent sur le stand. Nous ne le savions pas, et d’ailleurs, il n’est pas (encore) installé pour les dédicaces. Il signe le volume avec un sourire, et mon cher et tendre, lecteur de SF depuis longtemps et admirateur de Douay, est ému d’avoir croisé sans s’y attendre cet auteur. Finalement, mal préparer sa venue au Salon réserve de jolies émotions, et c’est bien comme ça… 
En revanche, il en est un que nous savons être là et que nous avons envie de rencontrer : c’est David Snug, auteur underground de bandes dessinées hilarantes et féroces. Il est attendu pour midi sur le stand de Même pas mal éditions, mais à midi, point de Snug : c’est qu’il ne sera là qu’à 14 heures, nous dit-on. OK, on reviendra. J’ai repéré un joli tote-bag jaune canari représentant la maison d’édition: chouette, ça tombe bien puisque j’ai ruiné nombre de mes précieux sacs en tissu lors d’une lessive malheureuse à base de méchant bout de tissu bordeaux (comme quoi, les lingettes anti-décoloration ont leurs limites). 
Nous repartons donc, faisant quelques emplettes sérieuses et professionnelles sur nos domaines respectifs… Pas le plus passionnant, je vous épargne les détails. Nous vaquons, de stand de BD (bof) en stand jeunesse, et mes pas me guident vers le stand Milady. J’en espère beaucoup et je suis déçue. Je savais que Bragelonne était absent et je comprends: pour eux, les salons spécialisés dans les littératures de l’imaginaire sont bien plus intéressants et porteurs, je suppose. Milady a un petit stand (pas minuscule mais petit), joli, qui donne envie. Mais alors que j’attends, évidemment, de me régaler de bit-lit, je constate qu’une petite partie seulement de la production de la maison est présente. Romance historique, érotique, dramatique, pour l’essentiel, mais de bit-lit, point. Je repars tout de même avec des livres que je veux offrir (même si j’avais d’autres titres en tête), et en cadeau, j’ai un livre (qui narre les aventures de la fille de Darcy), et un joli  sac en tissu Jane Austen… 

Un tour du côté des stands sur le livre électronique, puis cap sur les stands de Actes Sud et Actes Noir, et sur celui de Rivages Noir, voisin. C’est un régal pour les yeux, des tentations, mais je n’ai pas a priori d’intention d’acheter. Et puis patatras, je vois Pascal Dessaint qui arrive pour une séance de dédicaces. Je m’approche : nous nous sommes croisés à plusieurs reprises, il m’a accordé un entretien il y a des années de cela, et j’ai toujours plaisir à bavarder avec lui. J’embarque son nouveau roman, avec un petit mot évidemment. C’était inattendu, et je suis contente. Je l’ai déjà dit, mais mal préparer sa venue au Salon réserve de jolies émotions, et c’est bien comme ça…


Nous faisons ensuite un tour à l'expo fêtant les 70 ans de la Série Noire. Elle est petite mais il y a de chouettes documents, drôles et touchants. Nous repartons avec un volume des années 1970, l'époque où il y avait de la pub en quatrième de couverture : j'avais déjà Balafre, cette fois c'est Bastos! Des cigarettes pas pour les fillettes. 
Enfin, il est temps de rejoindre Même pas mal éditions en espérant voir Snug. Au premier abord, pas de Snug. Nous redemandons : oui, Snug est là, mais il n’est pas installé pour une dédicace, il bavarde, et on lui dit : « David, voilà les personnes qui t’ont demandé ». Il a l’air interloqué : c’était donc vrai? Oui, incroyable : Snug a des fans et nous en sommes! Il se lève et s’approche, l’air embarrassé. « Vous voulez un dessin, c’est ça? » Ben oui, en fait. « Non mais je suis arrivé en retard et en plus, j’ai renversé ma bouteille d’encre de Chine dans mon sac, il y en a partout. Vous avez un stylo? » Oui, Snug en vrai est comme Snug en dessin, pince-sans-rire, drôle, touchant aussi. Il trouve un stylo-feutre et commence à dessiner. Nous discutons, de Noise, le magazine par lequel nous l’avons connu, de ma ville, où il est passé en concert avec son groupe Trotski Nautique (que vous pouvez écouter ), des métalleux à tatouage. Il fait une dédicace où il suppute méchamment que les métalleux à tatouage ne savent pas écrire et fait une faute au prénom de mon cher et tendre... Il corrige tandis que nous songeons à lui demander s'il n'aurait pas des tatouages cachés, par hasard. Et puis nous lui tendons un deuxième album, parce que nous sommes prosélytes quand il s’agit de BD et de livres, et nous offrirons le lendemain l’album à une amie qui a adoré comme nous La maison n’accepte pas l’échec. Il fait le même dessin, et nous le dit : en revanche il change la dédicace. On se marre et on lui promet de ne pas montrer notre dessin à cette amie. Je sursaute parce que pas loin, il y a un stand GDF Suez (déjà, en soi, ça fait sursauter) où deux types déguisés, l’un en une sorte d’Iron Man et l’autre en viking bizarre, font des animations publicitaires ridicules. Snug me dit que c’est comme ça tout le temps, l’air désabusé. Je suis consternée. 

Il est temps que nous partions. 
D’ailleurs, nous avons fait ce que nous voulions. J'ai même le sac en tissu de chez Même pas mal éditions, que je n'ai pas pris en photo mais vous pouvez imaginer le sac à partir de cette image (même dessin, même couleur, même texte) :

Nous sommes vrillés de fatigue et nous avons faim. Le moment se prolonge un peu dans une brasserie toute proche qui sert toute la journée, où des visiteurs et professionnels du Salon se restaurent comme nous. Il est temps de reprendre le métro, les bras chargés. J’ignore si je reviendrai l’an prochain même si 2015 a tenu ses promesses. Je crois que désormais, des salons plus spécialisés (polar, littérature de jeunesse, littératures de l’imaginaire) me conviendront mieux. Mais c'était bien quand même...






lundi 16 mars 2015

Tout est possible mais rien n'est sûr de Lucile Gomez


Présentation (éditeur)
Ses études terminées, Vétille déborde d'énergie et d'envies. Sauver la planète, vivre du dessin sans se faire exploiter... Blottie contre son amoureux, entourée par ses amis, la jeune femme est convaincue qu'un monde meilleur est possible. Mais, de jobs ingrats en stages précaires, ses idéaux de jeunesse vont être mis à mal par le monde des adultes. Heureusement, la nuit, il est permis de rêver...

Ce que j’en pense
Ne vous laissez pas abuser par le trait rond, qui fait penser à certains univers girly. Si cet album se centre sur une jeune femme, il n’y a rien de fifille ici, et aucune histoire d’accomplissement par l’amûûr… Non, Lucile Gomez livre un récit assez sombre, le portrait d’une génération, ou d’une partie d’une génération, à l’heure des choix, mise à l’épreuve par une société qui veut bien se servir d’eux mais certainement pas les reconnaître pour ce qu’ils apportent, et encore moins les rémunérer. Le scénario est intéressant, le récit bien mené, et Lucile Gomez sait éviter les facilités. J’ai suivi avec intérêt les saisons qui structurent l’album et les premiers pas dans la vie de Vétille, jeune femme attachante. 
Mais j’ai surtout été convaincue par le sens graphique de Lucile Gomez: le propos est servi par des planches élégantes et qui fourmillent d’idées. J’ai vraiment été bluffée par le talent de dessinatrice de Lucile Gomez, dont je suivrai dorénavant le travail avec intérêt. 
Il n’est pas question que je cite des noms de dessinatrices juste pour les dévaloriser, mais quand j’ai refermé Tout est possible mais rien n’est sûr, j’ai repensé à un certain album dont le dessin est assez proche, un dessin que j’aime, d’ailleurs, mais qui n’a pas le quart de l’inventivité et du savoir-faire graphique de celui-ci, et qui surtout, n’a rien à dire. Il est des comparaisons qui ne pardonnent pas. 

Pour en lire des extraits, allez sur le site de Lucile Gomez, par exemple à cette page


Lucile Gomez, Tout est possible mais rien n’est sûr, Delcourt, 2015.

vendredi 13 mars 2015

Nos faces cachées de Amy Harmon


Présentation
Fern est une lycéenne au physique banal voire ingrat, mais elle n’a rien d’une ado ordinaire: grande lectrice de romances, elle en écrit elle-même, et surtout, une amitié hors du commun la lie à son cousin Bailey, atteint de myopathie et désormais rivé à son fauteuil. Ces deux-là sont des complices de tous les instants. Et puis il y a Ambrose, lutteur au physique fabuleux, taciturne et sensible. Il y a Rita, la jolie fille pas stupide… 
Et puis il y a le 11 septembre 2001. Ce qui aurait pu être une jolie bluette devient un roman sur la guerre, sur l’amitié, sur la perte, sur l’amour de soi, des autres, sur le sacrifice et la rédemption. 

Ce que j’en pense
Voilà un roman auquel je n’aurais pas prêté la moindre attention sans l’avis toujours éclairé de ma chère Miss Cornélia. La couverture - reprise de l’édition originale me semble-t-il - est assez proche de ce que je déteste dans le roman Young Adult actuellement mais aussi dans les genres de la romance. Ce côté « dieux du stade » m’avait rebutée et j’avoue ne pas avoir cherché à en savoir plus. Mais j’étais récemment en quête d’un roman sans complication qui m’emporterait par son romanesque échevelé, et quand Miss Cornélia s’est montrée enthousiasmée par sa lecture, je n’ai pas hésité et je lui ai emboité le pas. Bien m’en a pris: Nos faces cachées n’est pas le roman du siècle, assurément, mais c’est un très bon roman YA, un beau mélo, qui plus est pas dénué de propos. J’ai beaucoup aimé l’ancrage dans l’année 2001, le 11 septembre étant finalement l’élément déclencheur. Cela ne pouvait que me parler… Les personnages m’ont emballée, avec mention spéciale à Bailey, évidemment. Qui ne serait conquise par ce garçon? Ambrose est passionnant aussi, mais l’humour de Bailey emporte tout. J’ai aussi beaucoup de tendresse pour Fern. 
Alors bien sûr, on pourra objecter que l’intrigue posée, les ressorts deviennent quelque peu prévisibles, avec cet enchantement final qui succède à la tragédie. Oui, c’est vrai, mais cela reste fort, beau et bouleversant. Si je vois un mélo de Douglas Sirk, je peux dire la même chose, mais ce n’est pas un défaut. Et si le propos est dénué d’originalité, il est tout de même intéressant et il m’a touchée. Nos faces cachées fait passer le lecteur par toutes les émotions, rire, larmes, indignation, surprise, il raconte une histoire forte et offre des personnages forts.
Je ne vais pas bouder mon plaisir: j’ai aimé Nos faces cachées, j’ai vibré, et je trouve que c’est un roman YA hautement recommandable pour des ados comme pour des adultes qui en sont friands. 
Quant à la couverture, je continue à ne pas l’aimer, mais je reconnais après ma lecture qu’elle n’est pas sans rapport avec le propos du roman, donc je suis indulgente… 

La chanson à écouter: Creep de Radiohead


Amy Harmon, Nos faces cachées (Making Faces), Robert Laffont R, 2015. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Fabienne Vidallet. Publication originale ; 2013.

jeudi 12 mars 2015

Une petite nouveauté à venir

Image empruntée ici

Désormais, chaque chronique de livre sera assorti d'une chanson à écouter avec le roman. 
J'emprunte l'idée à Natacha de Marmelade de livres
(je viens de découvrir ce blog qui correspond assez bien à mes envies de lecture du moment)

Oui je sais, je n'écoute pas de musique en lisant, mais ça n'empêche pas de penser à une chanson qui irait bien avec le livre.

Et ça commence demain...





mercredi 11 mars 2015

Le questionnaire de mars


Bon, c'est promis, je ne proposerai qu'un questionnaire par mois... Il y aura peut-être des mois sans, mais je jure que je n'en abuserai plus. 


Plutôt corne ou marque-page?
Longtemps j’ai été corne. Désormais, quand je lis un livre en version papier, je suis plutôt marque-page, d’autant que j’aime bien les marque-pages, certains sont très jolis.

As-tu déjà reçu un livre en cadeau?
Oui, c’est arrivé assez souvent. C’est toujours un bonheur. 

Lis-tu dans ton bain?
Non. Et d’une, je n’aime pas les bains, et de deux, pas question de mouiller les livres, et encore moins ma liseuse. 

As-tu déjà pensé à écrire un livre?
Quand j’avais 19 ou 20 ans, oui. Mais il faut le reconnaître : je n’ai rien à dire, aucun talent. J’ai vite renoncé. Quand j’étais enfant, je voulais être écrivain car lire était ce que je préférais. Je n’avais aucune idée de ce que cela voulait dire, au fond, mais régaler les autres autant que je me régalais me semblait être le comble de l’accomplissement. 

Que penses-tu des séries de plusieurs tomes?
Tout dépend de la série et je ne peux donner un avis tranché. Mais j’aime les séries, me glisser dans le nouveau volume en ayant la certitude que je vais retrouver un univers et des personnages que j’aime. La plupart du temps je préfère les séries courtes, il faut savoir terminer. Mais quand j’aime vraiment une série, j’aimerais qu’elle ne se termine jamais. 

As-tu un livre-culte?
Le terme me semble peu approprié pour évoquer mon amour pour Quartier perdu. Donc non, je n’ai pas de livre-culte.

Aimes-tu relire?
Oui, mais je ne le fais pas si souvent, tout simplement parce qu’il y a tant à découvrir…

Rencontrer ou ne pas rencontrer les auteurs des livres qu’on a aimés?
Il vaut mieux éviter (clin d’oeil à N.). Il m’est arrivé d’être déçue par la personne et dans ce cas, bizarrement, mon goût les livres tant aimés s’érode. 

Aimes-tu parler de tes lectures?
Ah ben non alors. D’ailleurs, je déteste lire, je pensais que vous l’aviez compris. 

Comment choisis-tu tes livres?
Ah! vaste sujet… Je fais feu de tout bois. Les avis de mes amis, les avis lus sur vos blogs me sont sans doute les plus précieux. Mais je me laisse aussi guider par mes errances sur les sites marchands, par les étals des libraires, par les avis de mes libraires préférés, par les médias (TV, radio, presse), par les sites et blogs des auteurs. Bref, tout peut me donner envie. 

Une lecture inavouable?
J’ai déjà dit mes réticences à confesser à tout le monde mon goût grandissant pour la bit-lit, mais ce n’est pas une lecture inavouable. Il n’y en a pas pour moi, j’aime ce que j’aime et puis voilà. 

Des endroits préférés pour lire?
Mon lit ou mon canapé, ou un grand fauteuil. Mais je peux lire à peu près partout: dans le train, quand j’attends dans une voiture, dans le bus, dans le métro, dans les cafés et restaurants, et même dans un concert où je m’ennuie un peu. Cela m’est arrivé!

Un livre idéal pour toi serait…
Un livre qui me ferait oublier où je suis et l’heure qu’il est.

Lire par-dessus l’épaule?
Cela ne m’arrive guère, car je ne vois pas assez bien pour ça. Malgré cela, je peux essayer de le faire dans le métro. Et à condition qu’on n’empiète pas sur mon espace vital (L’asociale : le retour), je me fiche qu’on lise par-dessus mon épaule.

Télé, jeux vidéo ou livres?
Il m’est arrivé de jouer mais cela fait des siècles que je n’ai pas touché à une console. Je regarde beaucoup la télé, même si elle est souvent présente en fond sonore tandis que je parcours vos blogs et mes sites préférés. En tout cas, je peux me passer de jeux vidéos, de télévision (avec plus de difficulté) mais de livres, oh mon dieu, ce serait terrible. 

Lire et manger?
Pas les deux en même temps. En revanche je me délecte des tumblr qui m’offrent de belles images de livres et de gâteaux, de tasses de thé ou de café. Une gourmandise pour les yeux. 

Lecture en musique, silence ou peu importe?
A part dans le train (pour m’isoler du bruit), je n’écoute pas de musique quand je lis. Donc le silence me convient mieux. Si je suis dans un environnement bruyant (lieu public), cela ne m’empêche pas de me concentrer sur ma lecture, à moins qu’un enfant ne hurle dans les parages.

Qe deviendrais-tu sans livres?
Une pauvre chose. Une âme en peine. Un avion sans ailes. Je serais bien malheureuse, quoi. Et je suis certaine que je serais bien plus stupide que je ne suis. 

Tu achètes un livre sur le net et tu le reçois un peu abîmé, que fais-tu?
Si c’est un peu, ça va. Plié est supportable. Déchiré, non. S’il est déchiré, je le renvoie. Mais en vrai, s’il m’est arrivé de reposer un livre abimé sur l’étal d’un libraire, il ne m’est jamais arrivé de recevoir un livre abimé. 

Quel est l’élément qui t’a donné le goût de la lecture?
Aucune idée. Mon tout premier livre a été Martine au cirque. Je ne savais pas lire. A partir de ce moment-là, ma mère m’a acheté un Martine par semaine et jamais on ne m’a refusé un livre (pourtant mes parents n’étaient pas des lecteurs). Je suis fille unique et j’étais solitaire. L’ennui me semble fondamental (laissez vos enfants s’ennuyer un peu), les livres sont un refuge formidable, pour rêver, vivre des choses qu’on ne vit pas, enfant (et même adulte). 

Que penses-tu de toutes ces adaptations cinématographiques?
Je n’ai rien contre. Beaucoup me déçoivent ou me consternent. Quelques unes sont meilleures que les livres adaptés. Mais quelle importance? Tout est possible et personne ne m’oblige à voir une adaptation. 

Si tu ne devais retenir qu’un seul personnage rencontré dans une lecture, ce serait…
Stephanie Plum, je crois. Elle m’a tant fait rire. C’est toujours un bonheur de la retrouver. Je suis certaine qu’on s’entendrait bien. Donc bien sûr, ce n’est pas le personnage le plus marquant, le plus fort. Mais c’est celle qui me vient en tête en répondant. 

Quels sont les 5 livres de ta PAL qui te font le plus envie? 
Hum… difficile de répondre tant ma PAL est haute. Le dernier Craig Johnson, Tous les démons sont ici; Temps glaciaires de Fred Vargas; Le Club Vesuvius de Mark Gatiss; Kushiel de Jacqueline Carey; l’intégrale de Mafalda par Quino. 

Il semble qu'il faille ajouter une question. Voici la mienne:
Quel est le livre que vous avez le plus offert?
Extrêmement fort et incroyablement près de Jonathan Safran Foer. Un de mes plus grands souvenirs de lecture, que je savais pouvoir être partagé par nombre d'amis. 

Questionnaire trouvé ici 
A vous de le reprendre si cela vous tente!





lundi 9 mars 2015

La gaieté de Justine Lévy


Présentation
« C'est quand je suis tombée enceinte que j'ai décidé d'arrêter d'être triste, définitivement, et par tous les moyens. On se connaissait depuis quoi ? trois, quatre jours ? et Pablo m'a dit qu'il voulait un enfant, un chien, une maison et une bière bien fraîche, là, maintenant, tout de suite. Je lui ai servi la bière, j'en avais plusieurs packs d'avance pour maman, mais pas au frigo, maman précisait toujours pas trop fraîche s'il te plaît, avec un petit sourire qui voulait dire c'est comme ça que je l'aime, moi, la bière, pas trop fraîche, comme si c'était une affaire de goût, alors qu'en fait elle ne pouvait plus supporter le froid, à cause de ses dents toutes pourries. »
Ce sont les premières lignes du roman. Louise est maman et elle a décidé de ne plus se laisser aller à sa tristesse. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire, car la maternité la ramène à sa propre enfance, à sa propre mère, à la source de tous ses maux. 

Ce que j’en pense
Il y a quelques temps déjà, j'avais entendu une salve de critiques assassines sur le dernier roman de Justine Lévy, La gaieté, au Masque et la Plume, et le seul avis positif de l’assemblée ne m’avait pas convaincue. J’avais quasiment oublié ce roman, et puis les hasards de mes pérégrinations m’ont menée chez quelqu’un qui possédait le volume, que j’ai saisi lors d’une nuit difficile. 
Sans aucun doute, ce n’est pas l’autofiction la plus intéressante que j’ai lue, et sans être une spécialiste de ce genre aux contours délicats, je peux dire que Justine Lévy ne fait pas avancer la réflexion sur cette forme littéraire. Bien entendu, si l’on ne supporte les explorations autocentrées, si l’on exècre les parcours des petites filles des beaux quartiers en souffrance, mieux vaut passer son chemin. Bref, La gaieté est une lecture dispensable, à bien des égards. 
Pourtant, la cruauté des commentaires de l’assemblée du Masque et la Plume me semble tout autant liée au pedigree de la jeune femme, fille de, ex-femme de, qu’à ses défauts propres. Et cela me gêne un peu. Certes, on ne peut lire un livre sans faire totalement abstraction de son auteur, surtout quand celui-ci fait le choix de l’autofiction. Mais le livre a aussi son existence, indépendamment de cela. 
Vous l’aurez compris, j’ai éprouvé un intérêt certain à cette lecture, pour diverses raisons. L’écriture m’a séduite, cet espèce de flux intérieur savamment maîtrisé permet une exploration fine des états du personnage, l’alter ego romanesque Louise, aussi bien dans l’évocation de la souffrance, de la tristesse pathologique que de la drôlerie. J’ai donc adhéré sans réserve au choix stylistique de ce flux autocentré, même si je comprends qu’il puisse irriter. 
Surtout, j’ai été touchée par le mélange de souffrance et de drôlerie exprimé par Justine Lévy. Le titre est bien entendu un leurre, car la maternité du personnage est l’occasion de se confronter à sa propre enfance, de lever certains voiles, de retrouver certains pans de mémoire occultés car trop difficiles à regarder en face. Rien d’original me direz-vous dans cette démarche, mais c’est fait avec pudeur et force, et j’ai souvent été touchée. Au-delà de l’évocation personnelle, Justine Lévy parvient, je trouve, à conférer à ce qui pourrait être un déballage égotiste une dimension plus universelle, comme doit le faire toute autofiction littéraire. Le lecteur (la lectrice) trouve des échos à ses propres interrogations, à ses propres failles, même s’il ne partage pas le moins du monde l’expérience relatée. 
Et puis Justine Lévy est impitoyable avec elle-même, et c’est souvent drôle. Louise se sait insupportable par instants, dans sa fragilité et ses angoisses, elle se sait incapable de se comporter « comme tout le monde » en société (la fête hilarante où elle ne sait où se mettre, j’adore et je sais d’expérience…), elle se voit comme on peut la voir, « fille à pôpa ». J’ai souvent souri, je la trouve drôle, grinçante, peu complaisante avec elle-même. Je me dis que j’aimerais la connaître, sa Louise, qu’elle mérite d’être connue. 
J’ai passé un joli moment avec La gaieté. J’ignore si je lirai un autre roman de Justine Lévy, mais je ne regrette nullement d’avoir lu ce livre. 


Justine Lévy, La gaieté, Stock, 2015. 

samedi 7 mars 2015

A un fil de Rainbow Rowell


Présentation (éditeur)
Georgie est au trente-sixième dessous : cela faisait des années que son mariage battait de l’aile, mais cette fois, c’est la fin. Alors que son mari est parti passer Noël avec ses enfants dans le Nebraska, elle reste seule à Los Angeles, car elle a pris la fâcheuse habitude de faire passer sa carrière avant sa famille. C’est alors qu’elle tombe sur un vieux téléphone jaune à cadran rotatif. Contre toute attente, cette antiquité va lui permettre de faire un bond de quinze ans en arrière et de communiquer avec Neal dans le passé. N’est-ce pas l’occasion rêvée pour résoudre leurs désaccords et retomber amoureux comme au premier jour ?

Ce que j'en pense
Je ressentais une certaine impatience à lire ce roman de Rainbow Rowell, écrit pour les adultes et non pour les adolescents, après ma lecture plutôt enthousiaste de Fangirl. J’ai dû patienter quelques jours après la sortie du volume papier, l’édition numérique d’A un fil ayant été mise à disposition par Milady avec un petit décalage, qui m’avait permis de voir apparaître sur internet des commentaires mitigés. Je ne partage pas du tout les réserves lues çà et là, notamment celle qui voit dans le personnage féminin un parangon d’égoïsme. Mais prenons les choses dans l’ordre.
Si je devais émettre une réserve, ce serait celle-ci: le roman n’est pas sans longueur à mes yeux, et j’en avais parfois assez des longues conversations de l’héroïne avec son mari « d’avant le mariage » (comprenne qui pourra!). Je les ai trouvées quelque peu répétitives, et le principe perd vite de son charme. C’est sans doute que je préférais les grandes remises en cause de la jeune femme. 
Pour le reste, j’ai eu plaisir à me laisser embarquer. L’héroïne m’a touchée, à l’heure des premiers (tout premiers!) bilans, mais aussi des grands virages professionnels. Pour une fois, c’est l’héroïne qui fait carrière et qui doit sacrifier des choses pour exercer ce métier de scénariste de séries télé qui lui plaît. Il n’y a rien d’égoïste là-dedans, tout au plus une inversion des schémas établis. Le personnage de l’époux est très réussi aussi, à la fois quand il est saisi au moment de leur rencontre - un ours énigmatique et attirant - et quand il est évoqué dans ses doutes sur leur couple, sur l’investissement affectif de la jeune femme. Et puis il y a le personnage de l’ami et collègue, celui qui est là depuis le début, qui est indispensable à l’équilibre professionnel mais aussi personnel de notre héroïne. Rainbow Rowell excelle à évoquer leur amitié forte, sans céder à la facilité du triangle amoureux de mauvais aloi, tout en évoquant la zizanie que peut semer cette amitié hors-norme. 
Alors bien sûr, Rainbow Rowell garde certaines habitudes de la littérature Young Adult: la volonté de réconforter le lecteur par un dénouement positif, le refus de céder à la noirceur. Mais c’est aussi ça qui est bon. Ce n’est sans doute pas un grand roman au regard de l’histoire de la littérature, mais ce n’est pas ce que j’en attendais. J’attendais un roman ancré dans le quotidien, brossant des portraits délicats de personnages ordinaires (=pas torturés), me prenant par la main en douceur du début à la fin. A un fil réussit parfaitement sa mission: m’emporter, me distraire, me faire rêver mais aussi me faire un peu réfléchir, m’apaiser enfin. 


Rainbow Rowell, A un fil (Landline), Milady, 2015. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Cédric Degotex. Publication originale: disponible en ebook (SANS DRM). 

vendredi 6 mars 2015

Un bilan pour février : chouette, toujours pas de neige!

Image prise ici (vivement recommandé!)

Ce mois de février fut moins chaotique que prévu, et en dépit de la nouvelle opération subie à l’oeil, j’ai pu lire de manière satisfaisante. 
Certes, le retour à la BD n’est pas encore d’actualité, je n’ai lu que deux albums: l’un m’a laissée de marbre malgré toute sa virtuosité, Petites coupures à Shioguni de Florent Chavouet, l’autre m’a enthousiasmée, L’oeil de la nuit de Gess et Lehman, premier volume des aventures du Nyctalope. Cependant, de nombreux albums sont sur ma PAL, et j’espère trouver le temps de les lire, maintenant que je peux lire à peu près correctement. 

Il y a eu deux abandons ce mois-ci: le premier volume des aventures d’Aliette Renoir (Correia) et Monsieur Mercedes (King) ne m’ont pas convaincue. 
Pour le reste, ce fut littératures de genre et de jeunesse, quoi de surprenant en somme? Mais au moment de faire le bilan de mes lectures de ce mois, je constate que j’ai délaissé la littérature générale. 
Côté littérature YA, du bon et du moins bon: je vais rapidement oublier Black Ice de Becca Fitzpatrick (pas mauvais mais pas pour moi) pour me souvenir de Respire. Ten Tiny Breaths (Tucker) et L’île de Nera (George). Gagnant du match: Respire. Ten Tiny Breaths

Côté polar, Les initiés (Bronnec) dépasse largement le pourtant bon Dernier message de Sandrine Madison (Cook): une belle découverte à la Série Noire, une fois de plus. 

Côté feel-good literature, A un fil de Rainbow Rowell (billet à venir) a rempli son office et m’a portée quelques jours… 

Enfin, côté romance paranormale, j’ai aimé retrouver Mercy Thompson dans le deuxième volet de ses aventures, Les liens du sang (Briggs), j’ai ri en relisant Vampire et célibataire (Davidson) et j’ai aimé - sans plus - faire un bout de chemin avec l’héroïne d’Alice Scarling. Mercy l'emporte haut la main. 

Bref, ce fut un mois éclectique et pourtant cohérent, parfaitement conforme à mes goûts de lectrice, dans une période où j’avais besoin de me réconforter avec des genres que j’apprécie, qui me font réfléchir ou rêver, qui me font du bien, assurément. Neuf romans, deux albums de BD et deux abandons, voilà un (court) mois de février bien rempli. 

Mars a démarré sur les chapeaux de roue avec un roman mélo YA dont je vais vous reparler sans tarder, il se poursuit avec du noir espagnol, et j’ai mille et une envies… Vive le printemps!
Image prise ici

jeudi 5 mars 2015

Le dernier message de Sandrine Madison de Thomas H. Cook


Présentation (éditeur)
Sam et Sandrine Madison enseignent tous deux — elle l'histoire et lui la littérature — à l'université Coburn, en Géorgie. La nuit où Sandrine succombe à un mélange de vodka et de Demerol, on peut croire à un suicide. Le comportement singulier de Sam lui vaut cependant d’être accusé du meurtre de sa femme, malgré l'absence de preuve. Aux premières heures du procès, tout est envisageable : Sam semble sincèrement effondré et, à l'entendre, Sandrine avait de bonnes raisons de vouloir mourir. Pour autant, il n'est pas impensable qu'il l'ait tuée : plusieurs témoignages éclairent l'affaire d'un jour nouveau qui ne lui est pas favorable. Les souvenirs de l'accusé, qui se déploient en contrepoint des attaques du procureur et des arguments de l'avocat de la défense, brossent un paysage conjugal d'une extrême complexité, embrouillant le jugement du lecteur. Des deux conjoints, lequel a manipulé l'autre?

Ce que j’en ai pensé
Mes lectures de Thomas H. Cook se suivent et ne se ressemblent pas. Entre la semi-déception des Liens du sang et le choc des Feuilles mortes, je placerais Le dernier message de Sandrine Madison. J’ai passé un très bon moment, sans être emportée comme je l’ai été par ma première lecture de cet auteur. 
Le roman m’a fait penser par certains aspects au thriller de Gillian Flynn, Les Apparences. Il y a des thématiques communes comme le devenir du couple, l’érosion de l’amour par le temps et le quotidien. Le personnage féminin, absent puisqu’il s’agit de la disparue, fait penser par sa capacité à anticiper sur les réactions de son époux et les évolutions de l’enquête, à celui des Apparences (mais en moins inquiétante). Pourtant, le constat de Thomas H. Cook est moins glaçant, moins désespéré. 
Le roman n’est pas vraisemblable, mais cela n’a pas d’importance. Qu’importe que je ne croie pas que l’intrigue puisse tourner ainsi, comme cela a été prévu par le protagoniste maître ès-manipulation. Qu’importe car c’est nécessaire au propos de l’auteur, à sa « démonstration ». Il faut aboutir à cette fin, qui donne du sens à tout ce qui précède. 
J’ai été très admirative du dispositif narratif, diabolique à ses débuts. Notre narrateur a-t-il tué sa femme ou non? Le récit est si brillamment mené qu’en dépit de l’usage de la première personne, il est impossible de savoir s’il est coupable. Puis nous comprenons, mais l’intérêt est alors ailleurs. 
Ce roman n’a pas été pour moi le raz-de-marée émotionnel des Feuilles mortes, ce qui montre bien que l’on ne réagit pas seulement en fonction de notre proximité avec les personnages: les personnages et les thèmes du Dernier message de Sandrine Madison me sont bien plus proches que ceux des Feuilles mortes mais ils m’ont moins bouleversée. 
Thomas H. Cook s’affirme vraiment à mes yeux comme un excellent écrivain, qui trace son chemin dans le paysage du polar, explorant sans relâche les liens familiaux. C’est de la belle ouvrage. 


Thomas H. Cook, Le dernier message de Sandrine Madison (Sandrine’s Case), Seuil Policier, 2014. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Philippe Loubat-Delranc. Publication originale: 2013. Disponible en ebook.

dimanche 1 mars 2015

The Fall saison 1


J’avais entendu parler de The Fall, série produite par la BBC et tournée à Belfast: c’est d’ailleurs un habitant de Belfast féru de polar qui m’avait recommandé la série. Netflix m’a permis de la découvrir et c’est un coup de coeur (moins que Top of the Lake, mais tout de même un coup de coeur). 
Ce que réussit la série, c’est à proposer une histoire pas si exceptionnelle de serial killer (j’y reviendrai) tout en la rendant captivante, à la traiter sur le mode du thriller, sans esquiver le moins du monde la réalité sociale et politique de Belfast. Et ça c’est très fort. 
J’ai lu çà et là des critiques s’extasiant devant le « renversement des codes du récit de serial killer » (ne me demandez pas où, j’ai déjà oublié)… Ben non, mon gars, vraiment pas. L’histoire est très classique, somme toute: un tueur en série sévit. Il est insoupçonnable, beau, socialement inséré, il a une famille, un job. Face à lui, une enquêtrice, version féminine du hardboiled guy mêlé à l’expert en criminologie: elle est belle, elle est froide, elle est seule, elle aime les coups d’un soir, elle vit sa vie comme un homme, diraient certains (ah mais c’est donc ça le renversement des codes… mon pauvre ami…), elle est compétente. Va se dessiner un duel qui devrait s’accentuer dans la saison 2, le duel attendu entre le super-flic et le tueur intelligent. Je ne vois là rien d’original, en revanche, tout est parfaitement maîtrisé et captivant. Pas de renversement des codes, mais les scénaristes leur tordent le coup juste ce qu’il faut pour que ce soit passionnant. 
L’interprétation est parfaite, et je ne parle pas que de Gillian Anderson (superbe): tous les comédiens sont impeccables, des protagonistes principaux aux plus petits rôles. 
La mise en scène est elle aussi à saluer, efficace, sobre, avec un beau mélange entre réalisme et esthétisme. 
J’attends avec impatience que Netflix puisse diffuser la saison 2. 



The Fall, saison 1 (5 épisodes), créé par Allan Cubitt, BBC Two/RTE One, 2013, Grande-Bretagne. Diffusion française: 13ème Rue, 2014. Disponible en DVD et sur Netflix.