vendredi 31 août 2012

Un bilan du mois d'août, de l’été… et mes envies de la rentrée.


Un bilan du mois d’août (RV initié par Lilie) pour commencer :
Côté littérature de jeunesse, de très jolies choses, d’excellents moments de lecture… 
Comment bien rater ses vacances d'Anne Percin
Doglands de Tim Willocks
Sans âme de Gail Carriger
Le premier défi de Mathieu Hidalf de Christophe Mauri
Moi Ambrose roi du scrabble de Susin Nielsen
Dear George Clooney de Susin Nielsen
La Déclaration de Gemma Malley
Le châtiment des hommes-tonnerres (L'Agence PInkerton tome 1) de Michel Honaker
Madame Pamplemousse et ses fabuleux délices de Rupert Kingfisher et Sue Hellard 
Si je ne devais en retenir qu'un ?

Mais le mois d’août fut aussi celui du retour à la littérature pour adultes, bien plus qu’en juillet. Avec une relecture :

Mais aussi des déceptions (relatives, il n’y a pas eu de livre abandonné) :
D'un bord à l'autre (Chroniques de San Francisco 5) d'Armistead Maupin
et surtout:
 
Et des confirmations ou de belles découvertes :
 Unlike A Virgin de Lucy-Anne Holmes
Replay de Ken Grimwood
Sur un lit de fleurs blanches de Patricia Parry
et surtout:

Au total, 12 livres lus (certains billets ont été rédigés sur des lectures de fin juillet).

Un bilan de l’été :
Pour moi, beaucoup de littérature de jeunesse, pour ados. J’y ai bien sûr un intérêt professionnel, mais je ne vais pas me voiler la face, j’adore lire ces romans. D’abord, la fatigue ressentie en juillet m’a conduite à prendre le chemin de lectures moins exigeantes en termes narratifs, ce qui ne signifie pas que ces lectures soient nécessairement moins « profondes ». Ensuite, quelques baisses de moral m’ont amenée à trouver refuge dans une littérature moins sombre que celle que je lis d’habitude, que ce soit en roman noir ou en roman tout court. Il y a quelque chose de rafraîchissant à se plonger dans les préoccupations de héros adolescents, et les romans que j’ai lus font souvent la part belle à l’humour et au « happy end ». Cela m’a fait un bien fou, et j’entends bien continuer pendant l’année !
Au final, 26 livres (dont 3 BD) dévorés cet été, soit un rythme de lecture bien plus frénétique que pendant le reste de l’année. Plus de temps, plus de disponibilité d’esprit aussi… L’idée que je vais moins lire pendant les mois à venir me désole déjà : entre la fatigue, les préoccupations et contrariétés professionnelles et les lectures obligatoires, c’est une fatalité.

Pourtant, ce ne sont pas les envies qui manquent en cette rentrée
Outre que ma PAL reste TRES fournie, la rentrée littéraire me démange ! En attendant le Jean Echenoz et le Patrick Modiano, au mois d’octobre, j’ai repéré quelques romans qui me font très envie.
Bizarrement, le Philippe Djian.

Je dis « bizarrement » car j’ai envie de lire Djian à chaque nouvelle sortie, je suis déçue à chaque fois, et je continue !
Le roman d’Aurélien Bellanger dont on parle tant m’intrigue. J’ignore si je craquerai, il n’est pas au top de mes envies, tout de même. 

Le roman de Jennifer Egan, feuilleté l’autre jour à la librairie, me tente assez. 

Surtout, arrivent en tête de mes envies de rentrée littéraire :
Le nouveau roman d’Olivier Adam 

Et quelques polars ou romans noirs :
Les Apparences de Gillian Flynn

Le Monde à l’endroit de Ron Rash (il n’est pas publié en collection polar mais au vu de l’argument et de ce que fait habituellement l’auteur, je mettrais ma main au feu que c’est un roman noir)

Dernière nuit à Montréal de Emily St. John Mandel
En plus, histoire de me tenter davantage, tous existent en e-book, je n'aurai donc pas mauvaise conscience en rajoutant une pile de livres quelque part dans la maison... Seul le dernier est un peu plus difficile à trouver que les autres (sachant que je n'utilise pas de Kindle), mais j'ai fini par le dénicher, même si ce n'est pas sur l'un des sites que j'affectionne pour les e-books.

Et je sens que ce n’est pas fini…

mercredi 29 août 2012

Le Châtiment des hommes-tonnerres, L’Agence Pinkerton t. 1 de Michel Honaker



Présentation
Un mystérieux voleur sévit à bord du Transcontinental, en 1869, aux Etats-Unis. La compagnie ferroviaire fait appel à la fameuse agence Pinkerton pour l’empêcher de commettre de nouveaux forfaits : mais alors que le train file vers Sacramento, les trois agents se font tuer par le Chapardeur, qui semble plus rusé et plus fort que tous. Alan Pinkerton va alors recruter trois agents aux motivations diverses : Angus Dulles, aux allures de paysan mal dégrossi, Armando Demayo, d’ascendance navajo (mais il a horreur qu’on le lui rappelle), Elly Aymes, danseuse de saloon au chômage, et Neil Galore, qui sera le héros du récit. Tous trois embarquent à bord du train et vont vivre de périlleuses aventures…

Mon avis
Une nuit d’insomnie (merci la rentreé !), un besoin de lecture « facile » (rien de péjoratif dans cette qualification pour moi), et hop ! j’ai un bref moment lâché Ellory pour me réfugier dans l’Ouest américain…
Le roman est mené tambour battant, et alors que je n’ai aucune attirance pour les récits western, j’ai dévoré ce premier volume, et croyez-moi, j’ai bien l’intention de lire la suite ! Les personnages et les situations sembleront peut-être bien communs aux amateurs du genre (est-il si fréquent dans la littérature de jeunesse ? Je pose la question à ceux qui en sauraient plus que moi), mais pour moi qui ne suis pas familière de ces codes, c’était un régal. Le roman gagnerait d’ailleurs à développer les personnages, mais ce sera peut-être pour les autres volumes. J’ai bien accroché à l’intrigue, les développements m’ont captivée et je n’arrivais pas forcément à deviner ce qui allait se passer. Michel Honaker manie bien la pincée de fantastique qu’il donne à son roman, on y croit ! Le tout n’est pas dépourvu d’humour, ce qui ne fait pas de mal. D’ailleurs, dans le ton, cela m’a parfois fait penser au film Maverick, film de Richard Donner (1994) avec Mel Gibson, Danny Glover et Jodie Foster. Je sais, ma référence est hors d’âge et ne dira pas grand-chose à qui que ce soit…  

Pour qui ?
Je ne sais pas si je peux dire que le roman plaira davantage aux garçons : évidemment c’est l’impression qu’on a quand on voit un récit western dont le narrateur et héros est un jeune homme. Mais rien n’est moins sûr : après tout, j’ai adhéré sans mal à cette histoire, j’ai tout de suite aimé le personnage de Neil Galore. Je crois qu’il plaira aux filles comme aux garçons, et de jeunes lecteurs peuvent le lire sans peine. L’intrigue est simple, les personnages assez peu nombreux, le récit linéaire et structuré en brefs chapitres qui se lisent facilement et rapidement.

Le mot de la fin
Coup de cœur !

Michel Honaker, Le Châtiment des hommes-tonnerres, L’Agence Pinkerton t. 1, Flammarion, 2011 (13 €).

lundi 27 août 2012

Parenthèse enchantée : Rock en Seine!


Pas de billet ces derniers jours, pour cause d'escapade à Rock en Seine, pour trois jours fabuleux, jouissifs et épuisants... Bref, trois jours peu propices à la lecture. Ceci dit, il y a sur le site un stand "Bibliothèque Rock", la bibliothèque de Saint Cloud a fait un espace lecture, on entre, on pioche un livre sur les rayonnages, on s'installe sur des fauteuils ou des coussins, et on lit... Esprit rock dans les choix, beaucoup de beaux livres et autres documents sur le rock, quelques bandes dessinées (et pas mal de mangas) mais aussi du Bret Easton Ellis, du John Irving, du Virginie Despentes, et j'en oublie tant... Cette année je n'y suis restée que quelques minutes, mais lors des éditions pluvieuses, il m'est arrivé d'y oublier l'averse entre deux concerts. Il y a toujours du monde, ce qui prouve que c'est une belle initiative. 
C'était ma septième édition du festival et j'aime cette ultime pause avant la folie de la rentrée. Mais musique oblige, j'ai peu lu... 
Je suis donc toujours plongée dans Les Anonymes, et pour le moment, j'aime beaucoup. A suivre!

La photo a été empruntée sur le site de Rock en Seine (www. rockenseine.com)

mercredi 22 août 2012

Dernière nuit à Twisted River de John Irving


Présentation (éditeur)
1954, au nord du New Hampshire, à Twisted River, pays sauvage des bûcherons et des flotteurs de bois, les draveurs, Dominic Baciagalupo, 30 ans, veuf et père de Danny, 11 ans, travaille comme cuisinier avec, pour garde du corps Ketchum, l’ogre anarchiste au grand coeur, l’ami de toute une vie. Suite à la mort malencontreuse de Jane, sa maîtresse, causée par Danny qui l’a prise pour un ours, père et fils fuient le courroux revanchard du shérif Carl, l’« officiel » de la dame. Première étape, Boston, où Dominic cuisine dans un restaurant italien, où Danny rêve de devenir écrivain. De nouveau inquiétés par le shérif, les Baciagalupo se bâtissent une nouvelle vie dans le Vermont : après avoir tâté de la gastronomie chinoise, Dominic se lance à son compte avec succès, et Danny devient un écrivain célèbre. Ultime étape : Toronto. Mais on n’échappe pas à la rage vengeresse du shérif !

Mon avis
J’avais 17 ans quand j’ai lu mon premier John Irving, Le Monde selon Garp, et je n’avais jamais lu une chose pareille. J’ai également adoré L’Hôtel New Hampshire et Une prière pour Owen, et pendant quelques années, j’ai suivi son parcours de romancier avec délices. Puis, je ne sais plus vraiment pourquoi, j’ai cessé de le lire.
Lorsque Dernière nuit à Twisted River est sorti, les critiques étaient excellentes et j’ai failli l’acheter. C’est finalement la sortie en poche du roman qui m’a décidée, et depuis, l’ouvrage patientait dans ma PAL. Le challenge « Pavé de l’été » lancé par Brize m’a donné le courage de me lancer, et il est vrai que j’ai lu le roman rapidement. Pourtant, c’est une déception : j’ai l’impression que je n’aime plus John Irving, et cela me désole, parce que j’ai vraiment adoré cet auteur…
Il y a pourtant tous les ingrédients d’un bon Irving (je commence par ce que j’ai bien aimé) : un univers original, posé avec brio, des personnages déjantés juste ce qu’il faut, à leur manière des marginaux, à qui j’avais vraiment envie de m’attacher. Mention spéciale à Ketchum, colosse anar au franc-parler réjouissant (hilarant dialogue vers la fin du roman sur Bush !), ainsi qu’à certains personnages féminins (Jane l’Indienne, Pack de Six) hauts en couleurs. Les dialogues sont brillants, parfois très drôles, les situations « barrées », insolites, sont souvent de belles trouvailles. J’ai adoré aussi l’argument, qui pousse Dominic et son fils Danny sur les routes tout au long de leur vie, et il faut reconnaître qu’Irving sait y faire pour que chaque nouveau départ soit idéalement amené, parfaitement plausible. Cette vengeance (presque) toujours différée, c’est assez prodigieux, d’autant que le romancier, habitué à étirer les intrigues sur de longues durées, nous embarque en 1954 pour nous lâcher en 2005 sans que cela semble artificiel. Bref, en termes de personnages, de situations, de dialogues, de construction narrative, John Irving reste grand.
Mais alors, me direz-vous, tout va bien, pourquoi être déçue ?
La magie n’a pas opéré pour moi. Certes, il y a eu des passages où j’étais embarquée au point de ne plus pouvoir arrêter de lire (d’où la rapidité à engloutir les 680 pages). Mais en fait, j’aurais souvent pu stopper net (et définitivement) ma lecture sans éprouver le moindre regret. J’ai davantage aimé les personnages secondaires (en particulier ceux que j’ai nommés plus haut) que les deux héros : si le père, Dominic, a pu m’émouvoir un peu, il n’en a pas été de même avec le fils, Danny, en particulier à partir du moment où il devient adulte. Sa vie de jeune homme et d’homme m’a laissé un peu froide, je ne sais pas bien pourquoi, mais, oserai-je le dire, j’en avais un peu assez, et j’avais du mal à le comprendre ou à ressentir de l’empathie à son égard. Du coup, je ressentais le récit de ses mésaventures (notamment) sentimentales comme des digressions… Enfin, je n’ai pas beaucoup aimé le côté « mise en abyme » du récit : Danny devient écrivain, il y a dans ses romans et son parcours des échos avec l’itinéraire d’Irving ; surtout, la fin nous ramène au début du roman, puisque Danny commence un roman, dont il trouve la première phrase qui est, je vous le donne en mille, la première phrase du roman… Même si c’est brillamment fait, je n’ai pu m’empêcher de penser que j’avais lu ça bien des fois…
Je suis presque triste de ne pas avoir aimé, même si je ne peux pas dire que j’ai détesté. C’est une déception à la hauteur de mes attentes : j’avais envie d’aimer, de me laisser emporter par ce merveilleux conteur qu’est John Irving, et ce n’est pas tout à fait le cas. Vos avis sur ce roman seront les bienvenus, je suis un peu désemparée au terme de cette lecture… Suis-je la seule amatrice d’Irving à être restée en dehors de Dernière nuit à Twisted River ? Et puis c’est bête, non, d’avoir répondu au challenge « Pavé de l’été » avec un roman finalement décevant…

Le mot de la fin
Snif…

Merci à Brize pour le challenge!!

John Irving, Dernière nuit à Twisted River (Last Night in Twisted River), Points/Seuil, 2012. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Josée Kamoun. Première édition française: Seuil, 2011. Edition originale: Bloomsbury Publishing, 2009.

mardi 21 août 2012

Madame Pamplemousse et ses fabuleux délices de Rupert Kingfisher et Sue Hellard



Présentation (quatrième de couverture)
Comme chaque été, Madeleine est forcée de travailler dans l’immonde restaurant, Le Cochon hurleur, de son détestable oncle, monsieur Lard. Mais un jour elle découvre par hasard l’épicerie la plus mystérieuse de Paris. La boutique est tenue par Madame Pamplemousse, et cette dame prépare les plus étranges, les plus délectables, les plus exceptionnels, les plus époustouflants délices au monde…

Mon avis
C’est une lecture charmante. J’ai d’abord été attirée par le livre lui-même, que je trouve très beau : la couverture ne trompe pas sur la marchandise, les illustrations intérieures de Sue Hellard sont délicates et accompagnent très bien le récit de Rupert Kingfisher. L’histoire elle-même, un conte merveilleux, devrait combler les jeunes lecteurs, tout comme il m’a fait passer un bon moment. Tous les ingrédients (si j’ose dire !) sont là : une jeune fille qui s’apparente à une orpheline tant elle est délaissée par ses parents, l’oncle qui remplace sans peine la marâtre des contes d’antan, le talent culinaire de Madeleine qui rappelle les dons des héroïnes de contes de fée, la mystérieuse Madame Pamplemousse, mi-fée, mi-sorcière, et la pincée de surnaturel avec le chat de Madame Pamplemousse.
Les adultes le liront d’une traite, c’est un récit bref, qui enchaîne les péripéties à un rythme soutenu sans traîner en longueur. Pas le temps pour le jeune lecteur d’avoir trop peur pour Madeleine, donc. Tous les codes sont là, rassurants et bien utilisés : le méchant est châtié comme il se doit, l’héroïne est reconnue à sa juste valeur. La fin ouvre sur une suite possible (deux autres volumes attendent le lecteur charmé), tout est bien qui finit bien…
J’ignore si je lirai la suite des aventures de Madeleine et de Madame Pamplemousse : on s’adresse ici à un jeune public, il m’est difficile d’être captivée, tout de même. En revanche, je recommanderai sans l’ombre d’une hésitation ce livre à de jeunes lecteurs et lectrices amateurs de jolis contes et de cuisine.

Pour qui ?
De jeunes lecteurs : à vue de nez je dirais dix ans, mais on peut se laisser charmer plus tard…

Le mot de la fin
Délicieux !

Rupert Kingfisher (auteur) et Sue Hellard (illustratrice), Madame Pamplemousse et ses fabuleux délices (Madame Pamplemousse and Her Incredible Edibles), Albin Michel Jeunesse, 2012 (8,50 €). Traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Valérie Le Plouhinec. Publication originale : Bloomsbury Publishing Plc, 2008.

lundi 20 août 2012

L'Homme délaissé de C.J. Box



Présentation
Nous retrouvons Joe Pickett, garde-chasse dans le Wyoming, mari de Marybeth et père de Sheridan et Lucy. Il doit s’absenter et remplacer un collègue, Will Jensen, garde-chasse à Jackson (toujours dans le Wyoming mais dans un autre comté) : celui-ci vient de se suicider, ce qui ne manque pas d’étonner tous ceux qui le connaissaient. L’arrivée de Joe ne plaît à personne…

Mon avis
Cela faisait un moment que je me promettais de refaire un tour du côté de chez Joe Pickett, et un billet enthousiaste de Jean-Marc Laherrère m’a décidée. Lors de ma récente escapade à Toulouse et à la fabuleuse librairie Ombres blanches, j’ai donc acheté le roman*, dont j’ai lu une vingtaine de pages avant de revenir chez moi, et que j’ai terminé sitôt le livre repris, complètement happée par l’histoire et incapable de lâcher le roman avant la fin !
C. J. Box, c’est du polar assez classique, du roman noir solide et bien construit. Je ne m’attends pas à de folles courses-poursuites ou à de trépidants rebondissements. Pourtant, il y a une vraie tension narrative, dont témoigne mon incapacité à lâcher le bouquin. C. J. Box ne joue pas avec mes nerfs (désolée, mais passé un certain degré, je déteste ça !), du moins dans ce volume, mais il m’embarque et me donne envie de savoir ce qui va se passer à la page suivante. A aucun moment je ne me suis ennuyée, j’ai presque oublié la chaleur caniculaire de cette fin août en parcourant les grands espaces du Wyoming par un bel automne américain, en rêvant de la fraîcheur des nuits de Jackson…
J’ai aimé retrouver les personnages de la série, à commencer par Joe, héros à la fois atypique (parce qu’il est garde-chasse, et non pas flic ou privé) et très classique (dans son comportement de personnage de noir) ; la crise se fait sentir dans son couple avec Marybeth, et ce n’est pas la rencontre avec Stella qui arrange les choses… J’ai aimé retrouver la jeune Sheridan, grandie, en pleine crise d’adolescence et en conflit avec sa mère. Et j’ai adoré que Nate soit dans les parages : c’est un personnage secondaire que je trouve typique du roman noir américain et que j’affectionne particulièrement. L’ami indéfectible du héros et de ses proches, mystérieux, à la marge, voire complètement inquiétant. Même si Nate est TRES différent, il joue un peu le même rôle que le barzingue Bubba dans les merveilleux/extraordinaires/fabuleux/indispensables** polars de Dennis Lehane, autour de Patrick Kenzie et Angela Gennaro… Je note d’ailleurs que C. J. Box me laisse sur une question insupportable à son sujet, et je sens bien que je ne vais pas supporter longtemps de ne pas avoir la réponse… (traduction : en dépit d’une PAL qui s’est encore rehaussée depuis mon passage à Toulouse, je pense que je ne vais pas tarder à acquérir un autre C. J. Box)
Autre point fort du roman, évidemment, son évocation de la nature. Je suis absolument fan de Craig Jonhson, mais j’admets qu’avant lui, C. J. Box a construit une série où la nature joue un rôle capital. Même pour l’indécrottable urbaine que je suis, il y a quelque chose de fascinant dans l’évocation de ces paysages sauvages, de cette nature puissante… Dans L’Homme délaissé, comme toujours, l’auteur lui fait la part belle, d’autant plus que Joe Pickett est lui-même, en quelque sorte, dépaysé, arrivant dans un environnement qu’il maîtrise moins que celui dans lequel il vit habituellement. Cela nous vaut de superbes descriptions.
Enfin, l’intrigue est impeccable : rapidement posée, l’histoire est bien construite, complexe sans être absconse, et même s’il y a quelques belles ordures, les personnages ne sont ni entièrement blancs, ni entièrement noirs. Avec Stella, on voit arriver une femme fatale, mais j’avoue avoir été surprise face à ce personnage plus « doux » que prévu. J’ai apprécié Smoke, dont il serait facile de faire un odieux crétin armé. Au final, C. J. Box amène son lecteur à réfléchir, car les engagements, les positions des uns et des autres sont (presque !) toujours défendables, loin des clichés habituels. Au final, seul l’appât du gain est inacceptable (voir les belles ordures auxquelles je faisais allusion). Les autres sont tous, à leur manière, des amoureux de la nature et de sa faune.
En revanche, tout le monde se plaint de la traduction : je n’ai pas été frappée par les problèmes de traduction ou d’adaptation, mais il est vrai que le vouvoiement inopiné entre Joe et Nate est saugrenu. Ce serait bien que les éditeurs assurent un minimum de suivi entre les ouvrages d’une série, notamment lorsqu’il y a un changement de traducteur. A moins qu’ils ne considèrent que la littérature de genre ne mérite pas une telle attention, évidemment…

Pour qui ?
Pour les amateurs de polar et de grands espaces américains.

Le mot de la fin
Sauvage et dépaysant.

*ainsi qu’un roman de Pat Conroy et le premier volume des aventures de Pepe Carvalho, par Montalbàn, rééditées par le Seuil.
** merci de ne rayer aucune mention, toutes sont utiles !

C. J. Box, L’Homme délaissé (Out of Range), Points/Seuil, 2009. Traduit de l’anglais (USA) par Anick Hausman. Première publication en France : Seuil, 2007.  

dimanche 19 août 2012

Dear George Clooney tu veux pas épouser ma mère? de Susin Nielsen



Présentation
Violette vit avec sa mère et sa sœur Rosie depuis que son réalisateur de père a refait sa vie avec une actrice et lui a fait deux enfants… Elle est exaspérée par les amants qui se succèdent au domicile maternel, estimant qu’aucun n’est digne de sa maman. Le dernier en date, malencontreusement nommé Dudley Wiener, ne lui plaît pas davantage que les autres, en dépit de ses efforts pour plaire à Violette et à sa petite sœur Rosie. Par ailleurs, ses relations avec son père et la jolie Jennica ne sont pas au beau fixe depuis qu’elle a laissé ses deux plus jeunes demi-sœurs manger des crottes d’animal en leur faisant croire qu’il s’agissait de bonbons au chocolat. Violette décide de prendre les choses en main et écrit à George Clooney, persuadée qu’il est l’homme idéal pour sa mère.

Mon avis
C’est après avoir été emballée par Moi Ambrose roi du scrabble, de la même Susin Nielsen, que j’ai eu envie de lire Dear George Clooney tu veux pas épouser ma mère ?, toujours aux éditions Hélium. Je suis un peu moins enthousiaste, parce que Violette m’a moins touchée qu’Ambrose, mais j’ai tout de même passé un très bon moment.
Ici aussi, Susin Nielsen fait mouche avec une galerie de personnages attachants et bien dessinés, et elle convainc par un ton et des dialogues bien sentis. Son univers n’est en rien manichéen, Violette est parfois d’une mauvaise foi consternante et réjouissante tout à la fois, tandis que Dudley Wiener et Jennica, qu’il serait aisé de rendre abominables, n’ont pas un instant le mauvais rôle. Au final, cela fait un petit monde terriblement humain, et c’est ce qui fait à mes yeux le prix des romans de Susin Nielsen.
Le roman est rythmé en diable, on ne s’ennuie pas une seconde, il reste simple à lire (il ne pose donc pas de difficulté particulière). Je crois par ailleurs qu’il est aisé pour de jeunes lectrices (peut-être aussi de jeunes lecteurs !) de s’identifier à Violette : elle est proche de nous, commet des erreurs, change d’avis tout en étant prompte à juger les gens, elle est futée et très drôle. Bref, elle est humaine, bourrée de défauts, mais non dénuée de qualités. J’ai adoré sa manière d’utiliser la boule pour répondre aux adultes quand certaines conversations l’enquiquinent (oui je sais, plus personne n’emploie ce verbe), c’est aussi ce type de trouvailles qui fait la singularité et le prix de l’univers de Susin Nielsen.
En conclusion, même si j’ai préféré Moi Ambrose roi du scrabble, j’attends avec impatience le prochain roman de cet auteur !

Pour qui ?
Ados et adultes désireux de passer un bon moment en lisant une histoire drôle, touchante et réconfortante.

Le mot de la fin
Très très bien !

A lire aussi, l'avis de Deuzenn

Susin Nielsen, Dear George Clooney tu veux pas épouser ma mère ? (Dear George Clooney Please Marry My Mum), Hélium, 2011 (13,90 €). Traduit de l’anglais (Canada) par Valérie Le Plouhinec.

mardi 14 août 2012

Replay de Ken Grimwood



Présentation
Jeff Winston a 43 ans et une vie décevante lorsqu’il meurt, en pleine conversation téléphonique avec sa femme, d’une crise cardiaque. L’instant d’après, il se réveille, avec la conscience de son âge, mais dans le corps de ses 18 ans et dans sa chambre d’étudiant… Une seconde chance ? Oui, et Jeff entend en profiter pour ne pas répéter ses erreurs, pour ne pas finir coincé dans une carrière minable et dans un mariage raté. Il amasse une jolie petite fortune grâce à des paris et des placements, facile, puisqu’il connaît l’avenir. Puis il atteint 43 ans, et en dépit de ses précautions, il meurt le même jour que la première fois… Ses vies vont s’enchaîner, chacune explorant des aspects différents, jusqu’à la rencontre décisive avec Pamela qui partage son expérience du « replay ».

Mon avis
J’ai été déconcertée par ce roman qui ne correspond pas du tout à ce que j’attendais. Pourtant, ce n’est pas une déception, loin s’en faut.
Cela faisait un moment qu’il était dans ma liste de souhaits, depuis que j’en ai entendu parler à la télé (dans quelle émission et par qui, je n’en ai aucun souvenir….) : il était présenté comme un roman d’une drôlerie irrésistible, la seconde chance offerte au personnage étant l’occasion de vivre mille expériences incongrues, des rencontres amusantes, etc. Ben, comment dire…. Nous n’avons pas lu le même livre !
Avant toute chose, j’ignorais que le « replay » allait se reproduire plusieurs fois. Cela m’a surprise, j’ai même craint vers le tiers du récit l’ennui ; « oui, d’accord, tu prends à chaque fois des chemins différents, Jeff, bla bla bla, j’ai compris le procédé »… Mais la rencontre avec Pamela, ainsi qu’une caractéristique fondamentale du replay et les variations que cela introduit (je n’en dis pas plus) ont relancé le récit, et dès lors, difficile de lâcher le livre !
Surtout, je trouve le roman tragique de bout en bout. Lors du premier « replay », il y a une certaine légèreté, mais tout de même, le héros est bouleversé en voyant ses parents à l’âge qu’il avait lors de sa propre mort, en retrouvant sa sœur à l’âge tendre, en revivant certains émois, en rencontrant des amis dans leur prime jeunesse et loin encore de tous les soucis qui alourdiront terriblement leur vie d’adultes… La légèreté est donc grevée par une mélancolie évidente, et si ce n’est pas très gai, c’est en tout cas très émouvant, parce que cela résonne forcément chez toute personne ayant dépassé trente ans (ou quarante, ou cinquante, etc.). Les expériences suivantes, quelle que soit leur part de bonheur, sont plus douloureuses, de plus en plus lourdes, avec une dimension métaphysique intéressante. Il n’est pas question que de choix personnels, au sens où le héros ne se préoccuperait que de sa petite existence. Jeff Winston a, l’espace d’un instant, la folle illusion que ses choix, ses décisions, vont pouvoir affecter le cours de l’Histoire. Ce sera à un moment le cas, pas forcément pour le meilleur, sans qu’il maîtrise les choses…
Somme toute, Ken Grimwood écrit ici un roman de science-fiction, retrouvant des interrogations sur le temps, sur le rapport du sujet à son histoire et à l’Histoire développées par une partie de la SF.  Aux Etats-Unis, d’ailleurs, le roman a été remarqué par les amateurs du genre. Sans que le roman soit « lourd » ou glauque, il n’a rien (ou pas grand-chose) de drôle, le caractère tragique du replay ne cessant de croître au fil des pages.
Amateur de SF ou non, il est difficile de ne pas être touché par ce roman : le poids de ses vies successives est de plus en plus lourd pour Jeff Winston, même si chaque expérience lui apporte quelque chose. Il lui faut toujours faire l’expérience du deuil, y compris une sorte de deuil inversé puisqu’il sait devoir quitter, à 43 ans, ceux qu’il aime, devoir renoncer à eux ; il lui faut à chaque nouveau retour peser ses choix, essayer d’infléchir le cours de sa vie tout en admettant une relative impuissance.
En conclusion, j’ai été déconcertée, dubitative, et pour finir « accrochée » par ce livre. Quelque classique que puisse sembler l’intrigue aux amateurs de SF, il est bien construit, plutôt bien écrit, et a une force émotionnelle évidente. Replay est un hybride entre science-fiction et roman américain contemporain, c’est à la fois surprenant et bigrement intéressant.

Pour qui ?
Pour les amateurs de voyages dans le temps et pour les passionnés de cette littérature US qui explore la « mid-life crisis » des êtres ordinaires…

Le mot de la fin
Troublant.

Ken Grimwood, Replay (Replay), Points/Seuil, 1998. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Françoise et Guy Casaril. Publication originale: Arbor House Publishing Company, New York, 1986. Première édition française: Seuil, 1988. 

lundi 13 août 2012

Sur un lit de fleurs blanches de Patricia Parry



Présentation (quatrième de couverture)
Paris, 1885. La belle Clara Saint-James est une "horizontale" bien connue du Tout-Paris. Son protecteur, le richissime comte de La Paillerie, vient de mourir, lui laissant un curieux testament. Pourquoi est-elle chargée de remettre une somme considérable à Victor Dupuy, un jeune médecin ?
Mais la jeune femme n'a pas le temps de se pencher sur cette énigme.
Depuis quelque temps, on retrouve dans les tombes fraîchement creusées des cimetières parisiens, les dépouilles exsangues de jeunes innocents, délicatement allongés sur des lits de fleurs blanches. Quand Norbert, le petit groom de la courtisane, disparaît, c'est au médecin qu'elle fait appel.
De cafés à la mode en maisons closes clandestines, Clara et Victor Dupuy vont mener l'enquête dans un Paris en proie aux fantasmes scientifiques : médecins apprentis-sorciers, journalistes avides de sensationnel, feuilletonistes en mal de copie... Tout un monde s'ouvre à eux, terrain de jeux de gamins des rues livrés à eux-mêmes et à toutes les tentations.

Mon avis
J’avais vu le roman sur les étals des librairies en juillet, mais c’est le billet de Jean-Marc Laherrère qui m’a convaincue de l’acheter. Je n’ai pas été déçue !
L’intrigue pourra sembler conventionnelle aux amateurs de polars historiques, et met un peu de temps à s’emballer. Les amateurs de Dumas, Sue et Féval aussi la trouveront classique, dans ses motifs et dans son déroulement : pour ma part, je me doutais bien d’où venait le problème (où se nichait le « saigneur »), et certaines péripéties sont attendues. Cependant, j’étais loin d’avoir tout compris… J’ai donc eu le bonheur de révélations jusqu’au bout, sans être totalement ahurie par des retournements inattendus.
Bref, c’est un pur bonheur de roman-feuilleton que ce mélange d’attendu et de surprenant, et en cela, même le caractère (un peu) prévisible de certaines péripéties ne fait que respecter les conventions du genre. J’ai retrouvé là le souffle des récits populaires du 19ème siècle, un sens du rythme certain – un lent crescendo et une accélération très forte dans la deuxième partie –, des personnages hauts en couleur, des rebondissements savamment orchestrés.
Mais Patricia Parry ne se livre pas à un pastiche du roman-feuilleton, elle rend plutôt hommage au genre en lui insufflant une bonne dose de modernité. J’ai adoré le duo atypique formé par Victor Dupuy, médecin à l’ascendance noire qui heurte tant la société de l’époque, et Clara Saint James, prostituée qui fascine les hommes autant qu’elle attire le mépris des bien-pensants. Avec une mention spéciale à cette dernière, personnage qui ne sombre jamais dans la caricature, et qui tranche avec les « héroïnes idiotes » dont parlent les feuilletonistes…
De même, j’ai beaucoup aimé l’écriture : Patricia Parry joue avec le style du roman-feuilleton en insérant quelques extraits d’un vrai-faux roman-feuilleton publié par l’un des protagonistes (enfin, surtout par ses nègres). De même, elle multiplie les références à la littérature populaire de l’époque. Ensuite, l’alternance des points de vue (signalés par les typographies différentes) est un vrai plaisir : on suit Victor Dupuy, qui évoque mieux que personne les préjugés de son époque mais qui se défie aussi des siens (envers les femmes comme Clara), on épouse le point de vue de Clara (dans le récit à la troisième personne) ou d’autres protagonistes.
Enfin, le polar historique se mâtine de noir, avec un propos social fort : du sort des enfants des rues, gosses abandonnés, défavorisés, on apprend beaucoup, tout comme le roman fourmille de précisions sur certains aspects de l’histoire de la médecine, sur les strates de la société parisienne, sur le rapport de l’état et de l’armée à ses officiers et soldats noirs. J’en oublie… c’est que le roman n’est jamais pesamment didactique, mais tout simplement passionnant. Il n’y a pas du tout cette pesanteur dans la reconstitution et la description que peuvent avoir certains polars historiques (je ne citerai pas de noms…), c’est vivant et palpitant !
J’ai dévoré le roman, et cela fait du bien : vous savez, cette hâte d’en savoir plus, d’avancer, et cette tristesse en arrivant à la fin du livre… Pas envie de quitter les personnages, pas envie d’abandonner cet univers foisonnant.

Pour qui ?
Pour les amateurs de polar historique, de roman-feuilleton, pour tous ceux qui veulent en savoir plus sur la société du 19ème siècle, pour tous ceux qui ont envie de rendre les armes face à un récit d’un romanesque échevelé et maîtrisé.

Le mot de la fin
Captivant !

Patricia Parry, Sur un lit de fleurs blanches, Editions du Masque, 2012 (6,90 €). 

vendredi 10 août 2012

Marilyn, Elvis, le prince William et moi de Lucy-Anne Holmes (lu en VO: Unlike a Virgin)



Présentation
Gracie Flowers a la vingtaine, elle est agent immobilier et elle est bourrée de charme. Dix ans plus tôt, elle se destinait à être chanteuse, sous la houlette de son père, célèbre danseur avec qui elle entretenait une relation privilégiée : la mort de celui-ci a mis fin à ses velléités de carrière et à son désir de chanter… Mais qu’importe, cette Londonnienne a presque atteint les objectifs de son « Plan en cinq ans » : il ne lui reste plus qu’à obtenir la promotion tant convoitée à l’agence. Mais le poste lui échappe, et dès lors, tout dérape…

Mon avis
C’est la lecture d’un billet de cathulu qui m’a donné envie de lire ce roman, qui me semblait parfait pour l’été (je l’ai lu en juillet). Je l’ai lu en VO (et en e-book) : le titre original, Unlike a Virgin, m’a ainsi épargné le ridicule titre français, qui ne correspond à rien dans le roman (mais quelle mouche a piqué l’éditeur ?!). C’est de la chick lit, aucun doute là-dessus, genre pour lequel je n’ai pas d’appétit a priori.
Je vais donc commencer par mes réserves : elles sont simplement liées à l’avalanche de péripéties, de retournements, et du caractère quelque peu prévisible – en même temps qu’abracadabrant – de certains évènements (je ne peux en dire plus sans dévoiler l’intrigue). Je me disais par moments : « Dieu que sa vie est épuisante » tant il se passait de choses ! C’était un peu étourdissant…
Pour le reste, c’est une lecture d’été rafraîchissante, purement divertissante, et ce n’est déjà pas si mal. J’ai bien aimé le personnage de Gracie, moins irritante à mon sens que l’héroïne lambda de chick lit : tout d’abord, comme tout le monde le souligne, elle a la vertu de ne pas évoluer dans un milieu super glamour, et ça fait du bien, même si, entre nous, une telle réussite dans l’immobilier à cet âge-là n’est tout de même pas banale… Et puis j’ai trouvé intéressants les liens filiaux évoqués : avec son père, évidemment, parce que cela m’a touchée, mais aussi avec sa mère, avec qui tout est infiniment plus compliqué (ah ! les relations mère-fille…). Mais le roman fourmille aussi de personnages secondaires sacrément bien dessinés, avec une mention spéciale à la meilleure amie.
Par ailleurs, comme il est de mise, l’humour est bien présent, et on se prend à sourire en tournant les pages. Cet aspect-là est réussi.
Bref, c’est un roman sympathique, parfait pour se détendre !

Pour qui ?
Pour toutes les amatrices de chick lit et pour celles qui ont envie d’un pur divertissement.

Le mot de la fin
Rafraîchissant. 

A lire aussi, l'avis de Clara.  


Lucy-Anne Holmes, Marilyn, Elvis, le prince William et moi ((Un)like a Virgin), Plon, 2012. Traduit de l'anglais par Odile Carton. Lu en VO: (Un)like a Virgin, Sphere, 2011.

jeudi 9 août 2012

Le premier défi de Mathieu Hidalf de Christophe Mauri



Présentation
Mathieu Hidalf va avoir dix ans et il fête son anniversaire le même jour que le Roi. Il est connu pour faire ce jour-là une bêtise retentissante, qui le comble de joie et rend fou de colère son père, Rigor. Cette année-là, donc, tout le monde s’attend au pire, à tel point que les nobles du royaume ont pris des paris : Mathieu osera-t-il commettre sa Bêtise ou non ?

Mon avis
J’avais entendu parler de cette série dans les médias locaux, Christophe Mauri ayant participé à une manifestation autour du livre et rencontré des élèves de 5ème pour l’occasion. Au vu de l’enthousiasme des minots, je m’étais promis de jeter un œil sur les romans.
Mon impression est globalement positive. Voilà de la fantasy qui change un peu : dans ce royaume où intervient la magie, le ton est plutôt original, en tout cas il se rapproche de cette fantasy qui laisse une place à la dérision et à l’humour. Mathieu Hidalf est un garnement qui ne songe qu’à embêter son père, et cela m’a plu ! Les péripéties autour du chien Bougetou, le contrat qui lie Mathieu à son père en la matière (je n’en dis pas plus) m’ont bien fait rire, et il y a dans ce roman un esprit de moquerie (jamais vraiment méchant) bien réjouissant. Mathieu est un sale gosse, son père est odieux et vaniteux, et l’on a hâte que s’accomplisse la bêtise du garçon…
J’ai été un peu déconcertée par le rythme du récit et sa construction : le récit démarre assez doucement, et j’avoue que tout en étant séduite par le ton, je trouvais l’action bien ténue, dans la première moitié. Et puis l’histoire s’emballe, car il n’est pas question de la bêtise de Mathieu seulement : les frères Estaffe, ennemis redoutés du royaume, ont brisé le Serment qui garantissait la paix, et le jeune garçon va se trouver mêlé à cela en même temps qu’un peu dépassé par les événements. Christophe Mauri met en place un univers, avec tout ce que cela a de touffu, en ayant soin de jeter les ponts vers une intrigue qui ne demande qu’à se développer, et c’est peut-être ce qui m’a déconcertée. Il a d’abord besoin de poser l’univers de Mathieu, la Cour, l’école de l’Elite, avant de nouer l’action, à la fois autour de la Bêtise et du Serment rompu. Cela fait beaucoup de choses, et je ne doute pas que le tome 2 donnera de l’élan à cette histoire…

Pour qui ?
Les amateurs de fantasy : les pré-ados peuvent lire cette série, l’univers de ce héros de dix ans leur plaira. Cependant, Christophe Mauri ne verse pas  dans la facilité, le vocabulaire est parfois complexe pour de jeunes lecteurs. Les adultes amateurs de fantasy y trouveront leur compte aussi : l’autre jour, dans ma librairie préférée, au rayon jeunesse, un jeune homme d’environ 25 ans est arrivé, s’est saisi du tome 2 (Mathieu Hidalf et la Foudre fantôme) en disant à la libraire qu’il avait adoré le tome 1 et ne pouvait pas attendre avant de lire la suite…

Le mot de la fin
Je le laisse à Christophe Mauri, histoire de donner une idée du ton (extrait de la page 130):
« M. Hidalf entra alors, lançant sa perruque sur le siège derrière lequel étaient accroupis ses deux enfants. Il s’y assit avec la légèreté d’un ogre au terme d’un festin sanglant, et murmura tout seul :
- C’est une catastrophe ! Ou plutôt… c’est un euphémisme.
Mathieu et Juliette échangèrent un regard interrogateur, ni l’un ni l’autre ne sachant précisément quel genre de catastrophe pouvait être un euphémisme. M. Hidalf reprit sa discussion solitaire :
- C’est la pire catastrophe que je pouvais imaginer !
- Alors ça va, chuchota Mathieu. Tout le monde sait qu’il n’a aucune imagination. »

Christophe Mauri, Le premier défi de Mathieu Hidalf, Gallimard Jeunesse, 2011 (13 €).

mercredi 8 août 2012

Moi Ambrose roi du scrabble de Susin Nielsen


Présentation
Ambrose a douze ans et il n’a pas connu son père, mort brutalement d’une rupture d’anévrisme. C’est un enfant solitaire, qui a du mal à se faire des amis, surprotégé par sa maman et affligé d’une allergie aux cacahouètes qui achève d’en faire un enfant à part. Sa mère enseigne au gré des contrats qu’on lui propose d’université en université, mais elle a bien du mal à joindre les deux bouts : lorsque s’ouvre le roman, tous deux vivent au rez-de-chaussée, pour ne pas dire au sous-sol d’une maison, dans un appartement que leur louent les occupants de la maison, un charmant couple d’origine grecque. Deux événements vont bouleverser la vie d’Ambrose : il quitte le collège pour bénéficier de l’enseignement à distance après que des petites terreurs ont essayé de le tuer en glissant une cacahouète dans son sandwich, et Cosmo, le fils des propriétaires, sort de prison et vient habiter chez ses parents, ce qui ne manque pas d’inquiéter la mère d’Ambrose. J’oubliais : le jeune garçon adore jouer au scrabble, qui a un rôle important dans le récit, et j’ai beaucoup aimé les titres de chapitres qui jouent avec les règles du jeu !

Mon avis
C’est un délicieux roman que je présente très mal! On s’attache vite à Ambrose, pré-adolescent souffre-douleur de ses camarades, doté d’une distance salutaire qui régale le lecteur. Susin Nielsen ne s’embarrasse pas de réalisme, cela n’a d’ailleurs aucune importance : elle trouve l’équilibre entre le sourire et l’émotion, et plante ses personnages en quelques phrases. J’ai lu le livre d’une traite, presque triste d’abandonner là Ambrose et ses proches. J’ai aimé l’intrigue, les personnages, le ton du roman, ainsi que l’impression de grande douceur qui s’en dégage. Susin Nielsen sait à la fois ménager un certain suspense avec quelques rebondissements sympathiques, mais quelle que soit la gravité objective des événements, le lecteur n’est pas angoissé, il sait que l’apaisement est proche. Au final, c’est une lecture réconfortante, car on voit le petit Ambrose évoluer, prendre confiance en lui, s’affirmer. En passant, j’aime beaucoup la maquette du livre, je découvre en fait les éditions Hélium, et en dépit de la calculatrice qui ne représente pas celle du roman, j’ai trouvé la couverture bien travaillée ! Il est certain que je lirai Dear George Clooney, tu veux pas épouser ma mère ? du même auteur (toujours chez Hélium), dont tout le monde dit grand bien.

Pour qui ?
Les adultes comme les jeunes lecteurs devraient prendre plaisir à lire ce roman. Le récit, linéaire, est fluide, ne posant pas de difficulté particulière.

Le mot de la fin
Très très bien !

Susin Nielsen, Moi Ambrose roi du scrabble (Word Nerd), Hélium, 2012 (13,90 €). Traduit de l’anglais (Canada) par Valérie Le Plouhinec.

mardi 7 août 2012

D'un bord à l'autre (Chroniques de San Francisco tome 5) d'Armistead Maupin

 

Présentation
Le 28 Barbary Lane réunit une faune attachante : autour d’Anna Madrigal on trouve Michael, homosexuel adorable, Brian, hétérosexuel affolant, Mary Ann, une provinciale qui va rapidement s’accoutumer à la liberté de San Francisco, Mona, une jeune femme parfaitement libérée. Ce ne sont là que les locataires du 28 Barbary Lane… Il y a aussi Deedee et Dor, Booter, et bien d’autres encore.
Ce volume 5 se déroule dans les années 80. Au 28 Barbary Lane, toujours régi par Mme Madrigal, vit toujours Michael, dont le sida a bouleversé l’existence, tandis que Brian et Mary Ann vivent dans un luxueux immeuble tout proche, avec leur enfant, et que Deedee et Dor élèvent leur progéniture dans les quartiers chics. Dans ce volume, il sera question de camps de vacances un peu spéciaux, d’un nouveau venu qui va émouvoir Michael, et des angoisses de Brian concernant son état de santé.

Mon avis
J’ai dévoré en ce début d’été les Chroniques de San Francisco, de l’Américain Armistead Maupin. En fait, j’avais lu il y a des années les tomes 1 et 2, puis laissé là les habitants du 28 Barbary Lane. Mais l’émission de François Busnel consacrée à San Francisco m’a permis de voir Armsitead Maupin dans sa ville et donné envie de me replonger dans cette série. Les quatre premiers volumes sont un pur enchantement. Ils livrent le portrait d’une époque, fin des années 70 et début des années 80, dans une ville hors norme, San Francisco. Paru d’abord en feuilleton dans la presse, le récit enchaîne les chapitres brefs dans un style feuilletonnant très réussi, avec moults rebondissements, faisant des Chroniques de San Francisco un redoutable page turner. D’ailleurs, d’habitude, j’ai du mal à enchaîner sans pause les volumes d’une série, mais début juillet, j’ai dévoré les quatre premiers tomes sans pouvoir m’arrêter ni passer à autre chose.
Qu’en est-il du tome 5 ? Est-ce justement parce que j’ai lu autre chose entre le tome 4 et le tome 5 ? Je ne sais pas, mais toujours est-il que j’ai pris un peu moins de plaisir à ce volume. Ce qui faisait jusque là l’unité de cet univers commence à s’éparpiller, si je puis dire : l’intrigue se déroule bien moins que dans les autres volumes au 28 Barbary Lane, se concentrant sur quatre lieux « périphériques » : l’immeuble luxueux où vivent désormais Brian et Mary Ann, certes à deux pas de leur ancien immeuble, mais tout de même plus sous le regard bienveillant de Mme Madrigal ; le camp où se rend Booter pour passer de viriles vacances ; celui où se rendent Deedee et Dor’ ; la maison investie par Brian et Michael (plus un invité dont je ne dirai rien) un peu plus loin dans le roman. Bref, on passe peu de temps à Barbary Lane et c’est bien dommage. Je suis peut-être de mauvaise foi en disant cela : le tome 4 avait largement amorcé cette tendance et ça ne m’avait pas gênée. Mais il y a autre chose : le récit tourne autour de Booter, de Michael et de Brian, de Deedee et de Dor’, et délaisse un peu trop les autres personnages, je pense ici à Mme Madrigal et Mary Ann. Certes, on introduit de nouveaux protagonistes, cependant cela ne suffit pas tout à fait à mes yeux, d’autant que certains sont juste esquissés. Je signale d’ailleurs le caractère mensonger de la quatrième de couverture du volume (de l’édition 10/18 la plus récente), qui promet le récit du combat de Mme Madrigal contre la municipalité (ah bon ? il n’en est pas tant question que ça) et l’arrivée d’un nouvel occupant dans l’immeuble avec bien des bouleversements (hein ? quoi ?)…
On sent bien qu’il devient difficile de justifier la cohabitation de tous ces personnages en un lieu, ainsi que la nécessité de renouveler un peu le personnel romanesque, et je n’en blâme pas Armistead Maupin. Disons que mon intérêt s’amenuise… Je vais tout de même lire le volume suivant, qui avait provisoirement bouclé la série et je m’en tiendrai là. Il est improbable que je lirai les « suites » qu’a données, bien longtemps après, Armistead Maupin à sa folle série.

Pour qui ?
Pour tous ceux qui ont envie de humer un vent de liberté made in San Francisco, d’avoir un point de vue sur une époque révolue, de se laisser entraîner dans la vie de personnages fabuleux.

Le mot de la fin
Addictif. 

Armistead Maupin, D'un bord à l'autre. Chroniques de San Francisco tome 5 (Significant others), 10/18, 2007. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Gwenaël Hubert. Première édition française: Passage du Marais, 1997.

lundi 6 août 2012

Quartier perdu de Patrick Modiano


Présentation
Ambrose Guise est un écrivain britannique à succès : il écrit une série de romans policiers dont le héros est Jarvis. Par un été très chaud, il se rend à Paris pour signer un contrat avec un éditeur japonais. Durant ces quelques jours, Ambrose Guise, qui s’appelait jadis Jean Dekker et vivait à Paris, replonge dans son passé, dans une ville peuplée de fantômes. Il revient sur certains lieux emblématiques de cette époque, se souvient des gens qu’il fréquentait, des événements qui l’ont conduit à quitter précipitamment la France pour ne plus y revenir, vingt ans durant…

Mon avis
Ce livre est très particulier pour moi. Je l’ai lu à treize ans, c’était probablement une de mes premières rencontres avec la littérature dans ce qu’elle a de plus puissant. J’aimais déjà beaucoup lire alors, mais je pense que ce roman a joué un rôle essentiel dans mon rapport à la littérature.
C’était bien sûr aussi la première fois que je lisais Modiano. A treize ans déjà il m’a bouleversée. Le récit de ces errances dans Paris, des soirées et des nuits qui s’étirent au milieu de gens étranges, ces personnages au passé et au présent troubles, l’évocation de la chaleur des jours et des nuits, la nostalgie ambiguë qu’éprouve Ambrose/Jean, le mystère qui s’épaissit, tout m’a transportée et marquée alors que je n’étais qu’une adolescente. Par la suite, j’ai lu de nombreux romans de Patrick Modiano, et aujourd’hui encore, j’attends avec impatience chaque nouveau livre. J’aime énormément Un pedigree (dont j’ai de plus vu et adoré l’excellente lecture/mise en scène avec Edouard Baer au Théâtre de l’Atelier en 2010, reprise de 2008), ou bien encore Villa Triste.
Mais je reviens toujours vers Quartier perdu, que j’ai dû lire une dizaine de fois : à chaque nouvelle lecture j’ai une petite appréhension (et si j’aimais moins ?), à chaque nouvelle lecture le charme opère, je suis émue aux larmes et je ne saurais dire pourquoi. Car il est certain que Modiano est à la fois romanesque (personnages mystérieux, destins bouleversés) et anti-romanesque. Son écriture n’a rien de lyrique, elle a quelque chose de distancié, de « blanc » (au sens d’écriture blanche). Pourtant, son univers est très fort, un mélange de réalisme dans l’évocation (je pense souvent à Modiano quand je marche dans Paris) et d’atmosphère quasi-onirique. Ses personnages sont hantés par leur passé et sont toujours auréolés de mystère : qui sont-ils, d’où viennent-ils ? Modiano ne nous donne jamais toutes les clés et c’est ce qui est beau. On a souvent souligné les parentés entre l’œuvre de Patrick Modiano et le genre du roman noir (qui m’est si cher), et certains, parmi mes proches, pensent que c’est pour cela que j’aime tant ses romans : je ne crois pas, car à treize ans je n’avais jamais lu de roman noir. Et si c’était le contraire ? Et si lire Modiano m’avait amenée, peu à peu, vers le roman noir ?
Au fond, peu importe : l’univers de Modiano est singulier, et il fut une époque où je pouvais reconnaître son style. La petite musique de Modiano, c’est sans doute ce qui me bouleverse le plus, un peu comme April in Portugal permet à Ambrose Guise/Jean Dekker de replonger dans son passé, de renouer avec ses fantômes.
Je viens de le relire, une fois de plus, et ce n’est certainement pas la dernière fois…

Pour qui ?
Considérant l’âge auquel je l’ai lu, je dirais : de 13 à 113 ans !

Le mot de la fin
Mon roman préféré. 

Patrick Modiano, Quartier perdu, Gallimard, 1985 (disponible en Folio).